vendredi 25 mai 2012

La mort intime

Ce livre de Marie de Hennezel n'est pas une révélation pour moi  mais un soulagement. Je suis soulagé de voir qu'un patient n'est pas qu'un numéro de sécu. Je suis soulagé de voir que des docteurs sont à l'écoute du ressenti des patients, qu'ils les écoutent et les entendent quand ces mêmes patients disent "je veux mourir". Je suis soulagé de voir qu'un patient sait qu'il va mourir, et que des médecins respectent cela.
C'est pas grand chose en soit, mais après ce que je viens de vivre avec mon père, après ce qu'on vient de rencontrer comme résistances de la part du personnel médical, ce livre est une vraie bouffée d'air pur.
Cela me donne aussi des pistes de réflexion sur ce que j'ai envie de vivre avec mon père, la façon dont je souhaites être présent.
L'haptonomie est un outil formidable. Je l'avais déjà mis en application pour la naissance de mon fils, puis à travers ma relation aux patients lorsque j'étais ambulancier. J'ai envie de me reconnecter à cela.

Aujourd'hui, tout le monde semble enfin aller dans la même direction afin de mieux accompagner mon père.
Les médecins se sont enfin alignés. Cela n'a pas été simple, bien au contraire. Il a encore fallu discuter, écouter la langue de bois, revenir à la charge auprès du médecin qui le suit mais hors présence de mon père cette fois, afin qu'elle puisse parler librement. Puis, ce fut autour de mon père de discuter avec ce médecin, de lui faire part de sa colère d'être pris pour un enfant à qui on cache la vérité de crainte que...que quoi d'ailleurs ? Qu'il ne comprenne pas ? Qu'il n'entende pas ? Bref, le médecin a enfin pu entendre et écouter mon père. Et mon père a enfin pu entendre et écouter le médecin.
Il était temps, après 3 semaines dans le service. Les dysfonctionnements ont été pointés du doigt, les choses ont été dites. Et tout le monde est conscient que mon père sait où il va, et que c'est son choix.
Ce qui compte maintenant, c'est de l'entourer et de le soulager. Je l'ai compris, sa famille l'a compris, et le personnel hospitalier dans son ensemble l'a compris aussi.

Nous évoquons même aussi la possibilité d'un accompagnement à domicile. Rien ne s'y oppose, au contraire. L'Hospitalisation à domicile est envisageable, et même envisagée avec sourire par le padré.

Moi, je respires mieux. Maintenant que le technique est "réglé", je vais pouvoir me concentrer enfin sur autre chose. J'ai moi même des choses à partager avec mon père, et maintenant que mon esprit n'est plus parasité par cette position inconfortable entre mon père et le staff, je vais pouvoir enfin profiter de ces instants.

Ici, il fait beau, le soleil brille, le ciel est bleu. Mon père va mourir, c'est vrai. Mais la mort est une étape comme une autre, elle fait partie de la vie. Il a encore des choses à vivre, même si c'est juste pour quelques jours, quelques semaines.

3 commentaires:

  1. Je suis contente que tu te sentes enfin soulagé, maintenant ça va être plus serein. Je fais mon cheminement aussi, on aura de beaux souvenirs, courts mais intenses, et on sera heureux de les avoir pour plus tard. Je te souhaite pas bon courage, tu sais ce que je pense de cette expression, je te souhaite juste bonne continuation, avec papa, avec moi, avec nous. Et puis je t'embrasse. Et puis à demain :-)

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    1. Maintenant que je n'ai plus à porter cette relation au staff, je me sens plus léger. Il a repris les choses en main et se sent enfin écouté. C'était vraisemblablement nécessaire de passer par là...mais que c'est usant, épuisant.
      Pire qu'un alien dans le ventre ;-)

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    2. Tu comprends que j'aie du mal à tout gérer aussi :-) (cela dit, si tu veux accoucher à ma place, je suis preneuse!)

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