lundi 9 juillet 2012

Une pause douceur

 Une petite pause douceur du côté de St Brieuc.
A défaut de voir un coucher de soleil sur l'océan, je me suis contenté de ses reflets sur la manche...avec en prime une ballade sur le sentier des douaniers.





Côté baie de St Brieuc, avec l'entrée sur le port...
Les couleurs changent vite en plus. Il y avait des teintes verts émeraudes par moment, au pied de la "falaise".





Juste quelques heures d'évasion...et ça a fait un bien monstre. Ne penser à rien si ce n'est ce paysage, le soleil, la mer, les rayons du soleil se reflétant sur l'eau.
Prochaine étape, les Monts d'Arrée...et leur forêt mystique. A la recherche des lutins, des fées et autres farfadets. Et ça sera probablement une promenade en famille, avec ma tribu...

jeudi 5 juillet 2012

Reset

Une simple touche pour tout effacer et tout reprendre depuis le moment où ça a merdé ! Qui n'a jamais rêvé de pouvoir tout effacer afin de mieux redémarrer ?
En ce jour pas si particulier que ça, j'aimerai vraiment pouvoir effectuer un reset. J'ai la désagréable impression que nous allons droit dans un mur, et chaque jour qui passe semble me le confirmer un peu plus. Je vois ce mur arriver à vitesse grand V, j'ai beau essayé de freiner ou de changer de trajectoire, rien n'y fait. La collision me semble inévitable et bien trop réelle.
Que de temps perdu suite à des choix inadaptés. Que de temps perdu suite au manque de communication et d'information.
Qui décide quoi ? Qui décide quels actes faire ou ne pas faire ? Qui décide du droit de vie ou de mort ?
Quelqu'un a ce pouvoir, et en fonction de son ressenti, il en joue. Peut être pas de façon consciente, mais il en joue.
Mon père, El Padré, a une chambre implantable depuis plusieurs mois. Au début, elle était là, dans le but de pouvoir mettre en place une thérapie sous forme de chimio.
Fin Avril, El Padré est hospitalisé en urgence. Les aliments ultra protéinés (sous formes de crèmes) ne passent plus par l'oesophage et sa prothèse. Quelqu'un décide alors de l'hospitaliser en gastro pour qu'il puisse reprendre un peu de poids. La chambre implantable semble toute indiquée pour permettre un autre type d'alimentation. A court terme, l'idée est bonne. A court terme oui. Deux mois déjà (même un peu plus). Ce n'est plus du court terme. A chaque nouvelle "poche alimentaire" posée (une toutes les 24 heures), le risque infectieux est là. D'ailleurs, il est tellement là qu'il semble s'être fait un nid douillet. Quelqu'un a décidé de maintenir ce type d'alimentation malgré le risque infectieux.
La prothèse n'était pas adaptée (trop courte dès le départ mais c'est ce que le Doc avait en stock à ce moment...). Il y avait aussi l'option chirurgie afin de mettre en place une alimentation par sonde. Quelqu'un a décidé vraisemblablement que ça en valait pas la peine (espérance de vie trop courte pour se prendre la tête avec la chirurgie ?).
Pourtant, l'alimentation par sonde aurait été bien plus indiquée dans la mise en place du retour à la maison.
A ce jour, la pose d'une nouvelle prothèse est programmée en début de semaine prochaine. On ne sait toujours pas quel est le bénéfice de cette intervention (ni son but avoué au final), et nous ne connaissons pas non plus le risque.
Ce que l'on sait, c'est qu'il faut supprimer ce risque infectieux. Mais voilà, toujours cette omerta autour de ce qu'il y a à faire. Nous ne sommes pas plus avancé qu'il y a deux mois. Pire, je dirais même que c'est encore plus flou.

El Padré est dans sa chambre, à attendre, à être de plus en plus confus. Nous, nous sommes de plus en plus isolés, repliés sur nous même. Quelque chose ne tourne pas rond, c'est vicié.

Je regardes autour de moi, dans la rue, le métro, le bus... Je vois des individus, côte à côte, tous branchés sur leur mp3, leur ipod, leur téléphone portable, leur psp... Ils vont tous dans la même direction, sans se voir, sans se parler. Et moi, je fais quoi ? Je fais de même...je prend mon mp3, je charge Noir Désir, Satan Jokers, du bon rock français...et j'avance. Je me vide l'esprit, je me réfugie dans la musique, seul havre de paix pour moi en ce moment car je suis perdu. D'écrire ça me fait pleurer.
Les infirmières sont à l'écoute, tout comme les aides soignantes ou les ash...mais que peuvent elles faire à part répercuter l'info que quelque chose ne va pas ? Si les blouses blanches n'écoutent pas, qu'elles continuent de jouer avec leur pouvoir de vie et de mort sans en être conscientes, ça sert à rien. Ce service, tout comme l’hôpital dans son ensemble, reste une somme d'individualités.
1+1=2 ? je dis que 1+1 devrait faire au moins 3. L'intelligence collective va bien plus loin que la somme des individualités.

Reset ? Même pas en rêve.

mardi 3 juillet 2012

La présence du dernier instant

De retour après quelques semaines d'absence... Une absence nécessaire pour recharger les accus et me connecter à ma famille, ma compagne, mes gosses...et celui à venir.

Le temps de venir à l'essentiel est malheureusement venu. Il a fallu une naissance et une rencontre pour que tout s'accélère très vite. C'était prévisible, mais ce n'est pas simple pour autant de prendre la réalité en pleine gueule. Une rencontre entre le padré et son nouveau petit fils, rencontre immortalisée par une chouette photo de Babeth.
Une première alerte a eu lieu quelques jours après la naissance me semble-t-il. Cela a été mis sur le compte d'un changement de traitement.
Puis une seconde alerte bien plus sérieuse le lendemain de la rencontre, avec à la clé un nouveau séjour aux urgences suivi d'une hospitalisation. Nouveau service, nouvelle équipe...loin du niveau de la précédente, c'est malheureux à dire.

Je recoupes les différentes infos glanées à droite à gauche et je comprend ce qu'il y a à comprendre.
La semaine s'annonce dure, stressante. Je vais être dans l'attente. Chaque instant compte, chaque regard échangé et partagé se grave dans les souvenirs. Peu de mots, juste être là, dans la présence de l'instant. Un geste, un touché vrai. Je restes centré sur moi et je vis ce que j'ai à vivre. Les autres font leur vie...et chacun est responsable de ses choix.

Je pourrais être une fois de plus en colère contre le monde médical, les incohérences, les choix absurdes.
En mode humour, ou pseudo humour, je pensais venir ici avec une hache pour faire un massacre "virtuellement" parlant tant la moutarde me montait au nez.
Mais voir la réalité telle qu'elle se présente à mes yeux aujourd'hui me fait changer mon fusil d'épaule. Il est temps de passer à autre chose, de ne plus être dans l'affrontement. Juste temps d'être présent, attentif, rassurant et de l'aider à partir.
Le padré est conscient, bien conscient, même si les pertes de mémoires sont de plus en plus flagrantes à mes yeux. Ce qui est dur, c'est l'inconnue du moment et de la façon dont il va partir. Serais-je là ou pas ? Aurais-je le temps d'arriver si c'est en pleine nuit ? Et surtout, comment va-t-il vivre ce départ ? Un coeur qui lâche sur un choc sceptique, c'est loin d'être sans douleur, surtout avec l'essoufflement et l'impression de ne pas pouvoir trouver son souffle.
Le palliatif (dans le sens cocktail de médicaments) a ses limites dans ce genre de situation. Il me semble qu'à ce niveau, c'est de présence dont il a besoin... La présence du dernier instant.