jeudi 15 novembre 2012

423, la suite

Durant ces 3 mois d'accompagnement, j'ai fais le choix d'être le "lien" entre famille et staff médical, non pas pour filtrer les infos transmises, mais pour les traduire et éviter les pertes de temps inutiles.
Lors de cette dernière nuit passée à l'hôpital, j'ai choisi d'être présent en soutient pour lui et en relais avec l'équipe de nuit.
Je n'ai pas dormi de la nuit, toujours à être en vigilance accrue par rapport à son état physique. Peu de paroles échangées, beaucoup de café et de coca en consommation nocturne. Des regards, une main posée sur l'épaule en soutient... C'était ma façon d'être là. Je n'étais pas là pour dire au revoir, mais pour le soutenir durant cette nuit.
Le lendemain, place à la famille. Ma soeur et la belle mère sont là, passent du temps dans la chambre.
Moi, je me suis éclipsé pour prendre une douche, et je navigue entre la machine à café, et le couloir. Je n'ose interrompre ces instants privilégiés entre eux tous. Chaque fois que je rentre dans sa chambre, je sens l'émotion, des larmes, des silences, mais des temps où ils se disent au revoir, se soutiennent...et du coup, je ne prend pas ma place pour moi même dire au revoir. Peut être que je l'ai déjà fait inconsciemment. C'est même certainement le cas. Mais je ne prend pas ma place pour lui dire au revoir en le regardant dans les yeux et en le soutenant.
Après, ça s'enchaîne. L'hypercapnie est très rapide et l'état de conscience du padré s'effiloche en un rien de temps. La décision est prise...et après tout se précipite.
Il me manque quelque chose de "formel" dans ce scénario, mais il est déjà écrit, il a déjà été joué, et y'a pas de second opus possible.
 Au moment où j'aurai pu prendre ma place de fils auprès de son père, j'ai pas osé le faire. Je souhaitais permettre à Babeth de vivre ce qu'elle avait à vivre dans ces derniers instants, et j'ai aussi souhaité que sa femme puisse dire au revoir alors même que...elle avait fait le choix de ne pas prendre sa place durant ces 3 derniers mois.
Je me dis que j'aurai mieux fait d'éjecter la belle mère et d'être là avec Babeth et le Padré, juste entre nous trois. D'ailleurs, à son dernier souffle, était présente sa vraie famille...de sang.